mercredi 9 novembre 2016

Chasse extraordinaire mars 1845




Publié dans L’Aube – Journal des intérêts de la Champagne – Mardi 4 et Mercredi 5 mars 1845



Chasse extraordinaire

M. Cottet, vérificateur des poids et mesures, nous communique la note suivante :

« La neige dont le sol est resté couvert pendant une grande partie de février, a mené dans nos contrées plusieurs espèces de volatiles qui s’y rencontrent assez rarement. Plusieurs mouettes ont été tuées la semaine dernière aux environs d’Arcis. Nous avons sous les yeux un de ces oiseaux, tué ces jours derniers à Vinets ; il appartient à l’espèce nommé Mouette aux pieds bleus ( Larus canus de Linnée, grande mouette cendrée de Buffon).  Nous espérons faire plaisir aux chasseurs peu versés dans l’ornithologie, en leur fournissant quelques renseignements sur cet oiseau qu’ils ont pu rencontrer sur les rives de l’Aube ou de la Seine.

La mouette tuée à Vinets a quarante-trois centimètres de longueur depuis l’extrémité du bec jusqu’à la queue, et vingt-huit centimètres de contour au fouet de l’aile ; le dos et les couvertures des ailes sont d’un gris cendré bleuâtre ; la poitrine, le ventre, le croupion et la queue, d’un blanc pur ; les grandes pennes des ailes très longues et noirâtres, la tête tachetée de gris-brun, les pieds palmés, comme tous les oiseaux nageurs.
Toutes ces mouettes habitent les bords de la mer, où elles sont très nombreuses ; elles ne s’avancent dans les terres qu’à la suite des tempêtes prolongées, ou lorsque le sol est couvert de neige. Ces oiseaux se nourrissent non-seulement de poissons, mais encore des petits animaux de toutes espèces qu’ils peuvent se procurer : que ces animaux soient vivants ou morts, frais ou corrompus, tout leur est bon. Leur voracité est telle qu’un naturaliste a dit d’eux « qu’ils ne mangeaient pas pour vivre mais qu’ils vivaient pour manger ». » Cependant ils sont toujours maigres. Leur chair est dure, coriace et infecte. Pourtant, les marins la mangent, et savent la rendre un peu moins mauvaise en dépouillant l’oiseau et en le laissant en cet état, exposé au serein pendant deux ou trois nuits.
L’auteur de la Faune du département de l’Aube publié dans l’annuaire administratif de 1843, cite cet oiseau comme très rare chez nous. »
(Echo d’Arcis.)
Publié dans L’Aube – Journal des intérêts de la Champagne – Mardi 4 et Mercredi 5 mars 1845


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